Tristesse et tempête

Publié le par ticlou.over-blog.com

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Ticlou a le cœur gros. Quitter un ami est pénible et douloureux, surtout quand les sentiments prennent le dessus. Cette envie de vouloir rester éternellement auprès de l’être cher est si forte qu’une absence, aussi bénigne soit-elle, prend une proportion catastrophique. Et pourtant, ainsi va la vie : tout début a une fin.

Le petit manchot soupire. Erlik comprend son désarroi, lui qui n’a connu que la solitude dans ce désert blanc. D’un regard attendri, l’ours polaire donne une grande léchouille à son ami puis lui faisant un clin d’œil, il lui arbore un large sourire, lui prouvant ainsi qu’il n’est pas tout seul.

Ces petits gestes redonnent du courage à l’oiseau du grand froid qui accélère la cadence d’un pas vaillant.

- Et bien alors, Erlik ? le gronde-t-il faussement, hâte-toi, le temps presse !

Ce dernier lève les yeux au ciel menaçant d’un air blasé, mais amusé, en secouant sa tête négativement :

- Sacré pingouin, pense-t-il, dire qu’il a failli terminer sa course dans mon estomac…

Le petit empereur arrête soudain sa marche. Une bourrasque glaciale le fait trembler tandis que des voiles cotonneux et gelés virevoltent et dansent autour d’eux, rasant le sol pour remonter dans les airs, transformant les reliefs des icebergs en de sinistres silhouettes fantomatiques.

- Eh ! Mais où va-t-on, Erlik ? lui demande Ticlou.

- On est arrivé, petit, sourit le mammifère blanc. Ici, ce sera parfait.

Ticlou a beau scruté les alentours, il ne voit rien qui puisse leur procurer un abri.

- Où as-tu vu que l’on pouvait se protéger de la tempête ? Il arbore un large sourire. Y a rien là !

- Si on ne peut se protéger « sur terre », répond-il, il reste la solution « sous terre ». Aide-moi à creuser, petit, nous serons, comme qui dirait, plus rapidement en sécurité !

La situation empire chaque minute. Ticlou ne cherche pas à comprendre, il faut agir vite.

Tandis que l’ours blanc entaille la glace avec ardeur et frénésie avec ses grosses pattes, Ticlou s’efforce de virer les débris gelés vers l’extérieur, tantôt avec le bec, tantôt avec ses griffes et ses ailes ou encore en les repoussant avec son corps.

La tâche est rude. Rapidement, cependant, le gîte naturel se matérialise et les deux compères entrent dans la demeure éphémère au moment où le blizzard amplifie sa rage.

Serré l’un contre l’autre, une douce chaleur s’installe.

- Alors Ticlou, on n’est pas bien, là ? demande Erlik

Pour seule réponse, le manchot empereur se blottit contre la fourrure blanche de son ami et s’endort rassuré.

 

Publié dans Conte illustré

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